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14 nov 2014

Commentaires

bertrand calenge

A la lecture de votre billet, je suis partagé. D'un côté, je suis plutôt d'accord avec vous (le nombrilisme est fatigant), d'un autre côté les bibliothèques qui font preuve d'inventivité sont plus nombreuses que vous le laissez entendre - il y en a bien d'autres que la BU d'Angers ! -.
Même si l'objectif n'est surtout pas de "faire venir les gens dans les bibliothèques", mais de les accompagner où ils sont - et donc dans leur vie comme sur Internet, je conteste la condamnation du lieu bibliothèque revisité : ce lieu est un réel point de rencontre concret pour des publics qui n'ont plus de point de réflexion et de contacts non prescrits (travail, transports,...).
En revanche, je vous suis quand vous réclamez non pas des bibliothèques, mais des bibliothécaires engagés, qui font passer la médiation des connaissances au premier plan (et pas que les livres, disques,...), et qui se battent pour que le savoir explose

Mina Bouland

Juste pour rire un peu mais aussi parce que c'est vrai :
Il y a 20 ans tout juste, on se donnait RDV à la bibliothèque (d'henin-Beaumont) pour des rencontres amoureuses et aussi pour fumer des cigarettes dans les WC avec les copines quand il pleuvait.
C'était pour nous le LIEU idéal par excellence car légitime au yeux de nos parents.
Plus tard, quand je suis devenue bibliothécaire en milieu pénitentiaire, le LIEU avait autant si ce n'est plus d'importance que les collections surtout pour les détenus hommes, un peu moins dans les quartiers femmes ou mineurs. La Bibliothèque c'est aussi une histoire de LIEU (mais pas que) !

Didier Paris

Dans la bibliothèque (pas très loin de La Roche/Yon) j'ai vu 3 chômeurs travaillant ensemble, deux collégiens amoureux révisant, deux femmes dessinant, un père dormant, le club de marche nordique visitant, mais aussi des enfants jouant, les trois copines qui viennent prendre un café après le marché, des ados lisant (des bd), une famille cherchant un livre sur le pliage des serviettes, des cyclo-routiers squattant la table à langer, des anglais prenant des nouvelles du pays, et Jocelyne qui vient faire les mots croisés de Ouest-France et puis Gilbert qui vient, tous les jours, parce que ! Et puis y'a moi, en charge de l'informatique et des collections numériques, jonglant entre Vodeclic et le Wifi, l'appli smartphone et La Souris qui raconte, les liseuses et Facebook et puis le projet de bibliobox et puis le nouveau blog sous Wordpress...Alors oui on pourrait supprimer la bibliothèque. Chez nous, il resterait encore le centre social, le foyer laïc, le bar-pmu et puis le marché ! Et moi je serais charcutier !

Audrey

Merci pour ce billet et merci aux commentateurs qui viennent l'enrichir. Le programme du congrès de l'ABF 2015 semble effectivement refléter une situation bien morose...
Les bibliothèques s'appellent de plus en plus souvent médiathèques. Un terme moderne et plus adapté lorsqu'il s'agit de gérer tout type de ressources (livres, disques, CD rom, sites internet, abonnements en ligne...).
Documentaliste en collège, je suis aussi en faveur de "bibliothécaires" engagés. Ce n'est pas le média qui compte (livre ou autre) mais l'information véhiculée, la connaissance, le savoir... Et le rôle du bibliothécaire est bien d'aider à sa transmission. Certains publics ont par ailleurs besoin d'être accompagnés pour apprendre à faire des choix dans la multiplicité des informations trouvées sur Internet.
Bonne continuation, bon courage !

Pierre

Bonjour,

"La bibliothèque", "les bibliothèques"... Déjà, sans vouloir faire le spécialiste, on peut distinguer différents types de bib, avec des problématiques et des avenirs pas vraiment comparables.

Ensuite, le problème des lecteurs qui désertent, ça commence à bien faire. C'est un cliché à peine plus évolué que le chignon-tricot.

J'ai commencé dans un département spécialisé de la BnF - 60 places en salle de lecture. Il y avait peu de lecteurs, mais vu qu'on avait peu de places, c'était pas tellement préoccupant.

Ensuite j'ai passé quelques paires d'années dans le temple aux singes, dont parle Michel Serres entre deux lieux communs sur les digital natives. C'était souvent plein, file d'attente et tout. On n'avait pas peur du vide, on avait plutôt tendance à attendre avec impatience le creux de la saison.

Là, je suis en interuniversitaire pour 1er et 2e cycles, les mal-aimés de la fac et de l'édition numérique, en plein Quartier Latin. Ben on est plein aussi, ça va, merci, vous inquiétez pas.

Sinon, le samedi, on va en famille à Louise Michel nous asseoir sur les tapis et emprunter des livres. Ben y a foule.

Alors le discours "les bibs vont mourir de ne pas avoir compris qu'elles ne servaient plus à rien" (pardon, de ne pas avoir su "se réinventer"), ça me fait doucement rigoler. Ou ça me fout en rogne, c'est selon.

Quentin Paez

Et si tout ceci n'était que le discours d'une élite. Celle favorisant à tout prix, sous couvert de modernisme et de nomadisme, le commerce des outils... mais pas celui des idées. Pour une meilleure maîtrise de la populace...
Le nombre d'usagers demandeurs de document papier, pour des raisons pratiques, de confort, est très important. Ignoré... mais conséquent. On s'en moque.
Snobisme de la part des tenants d'une forme de progrès.
Ce progrès dont on a du mal à voir les contours positifs, le monde ne s'est jamais aussi mal porté. L'avènement des nouveaux supports, n'a pas fait avancer le bien être culturel. Stocker 2000 titres d'ouvrages dans sa tablette de lecture avance à quoi ? Ce qui compte c'est de lire. La lecture est la fonction que devrait tenir la bibliothèque, mais aussi, les parents, les adultes...

Ensuite, faut-il tout détruire pour aller uniquement vers ce type de lecture numérique ? Les usagers portés sur la revue ou le livre papier sont-ils donc devenus des parias, des boulets ?
Le livre numérique n'est pas un problème en soi. Le problème est la tendance du marché à choisir une voie de son choix pour des questions de coût, de productivisme, pour des raisons "pratiques", et par force inertie, d'éliminer l'existant, même contre l'avis des usagers satisfaits.

Enfin, aujourd'hui l'individu, est déconstruit, par divers biais et pour des buts parfois peu avouables.
L'avenir des bibliothèques passerait par un retour à une remise en forme des idées, la réflexion : sur son fonctionnement propre (aujourd'hui lire dans une médiathèque est quasiment impossible), la tolérance, la circulation des idées... en effet.
L'affolement et les trépignations d'enfants gavés de numériques n'apporteront pas (j'en prends malheureusement le pari) de résultat positifs.
Nous sommes plus proches de 1984 et de l'avènement de l'écran - nous y sommes depuis un moment - totalitaire. A (vous) nous d'y réfléchir.
Ce roman, cité à l'envie il n'y a pas si longtemps ne serait-il pas devenu, pour des raisons politiques, commerciales et élitiste, gênant pour beaucoup de monde ?
Les bibliothèques sont finalement parties pour être des serveurs, des lieux mystérieux, sans personnels et sans accès, sauf sur authentifiants...
Méfiez vous du mot PRATIQUE

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Casssconn
"Mais quiconque affirme qu’il y a de l’argent à faire avec un stock d’ARTICLES SCIENTIFIQUES est soit un idiot, soit un menteur."
Lawrence Lessig. 12 Janvier 2013.
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Botte de foin


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