Le 31 Mai 2010, le syndicat des Inspecteurs d'académie (SIA) écrivait à Luc Châtel pour lui manifester son inquiétude et solliciter un rendez-vous. Le 16 Juin 2010, ce même syndicat publie le communiqué suivant (disponible ci-après en pdf : Téléchargement Sia160610 protest IA) :
"Les réformes engagées dans
l’Education Nationale interrogent les responsables du système éducatif
et au premier chef les Inspecteurs d’Académie qui sont souvent en
difficulté pour défendre devant les enseignants et les parents les
décisions ministérielles.
Les instructions qui se succèdent donnent une image brouillonne de la
gouvernance du ministère et ne tracent pas les contours du grand
dessein pour l’école dont le pays a besoin.
- On nous demande de supprimer des postes alors que lutter contre l’échec
scolaire et la violence à l’école suppose plus d’adultes et plus
d’éducation dans les établissements.
- On nous demande d’augmenter les effectifs des classes, alors que la
difficulté scolaire se traite avant tout par une pédagogie différenciée
d’autant plus difficile à mettre en oeuvre que les effectifs sont
importants.
- On nous demande de fermer les petits établissements ruraux alors que la
circulaire Balladur de 1993, jamais abrogée, interdit la fermeture de
la dernière classe d’une commune.
- On nous demande de ne plus scolariser les enfants de moins de trois ans
alors que toutes les études montrent les effets bénéfiques d’une
scolarisation précoce dans les milieux les plus défavorisés.
- On nous donne en exemple le modèle finlandais dont la formation des
enseignants est un élément clé de la réussite tandis qu’on réduit le
temps de formation des professeurs français.
Comment expliquer cela aux parents d’élèves, aux enseignants ? Quelle
en est la logique si ce n’est une logique uniquement budgétaire ?
Dès lors, les Inspecteurs d’Académie dont on ne peut douter de la
loyauté s’interrogent devant les risques de dégradation du service
public d’éducation dont les conséquences, à l’heure de la
mondialisation, se mesureront à terme sur les performances et la
compétitivité de la France ! D’autres pays ne s’y sont pas trompés
comme l’Allemagne, souvent citée en exemple qui a fait le choix de ne
pas réduire ses dépenses d’éducation.
Le SIA rappelle que des Inspecteurs d’Académie ont été victimes de
retraits d’emplois pour avoir tenu à faire prévaloir l’équité dans la
gestion des moyens. Nous avons tous, en tant que cadres responsables,
conscience de la nécessité de contribuer à la réduction de la dette
publique, mais dans l’Education Nationale plus que partout ailleurs
chaque action de réduction budgétaire doit être pensée dans une
perspective de long terme et non à l’aune d’échéances économiques
immédiates.
Sur tous ces dossiers qui conditionnent l’avenir du système éducatif, le SIA regrette que Luc CHATEL n’ait pas cru devoir le recevoir, malgré l’engagement de son directeur de cabinet et des demandes répétées qui lui ont été transmises.
Paris, le 16 juin 2010 Pour le bureau national Robert PROSPERINI, secrétaire général."
Cette inquiétude fait écho aux projets désastreux rappelés ici (version longue) ou là (version courte).
La lassitude des cadres. Les inspecteurs d'académie sont les grands "cadres" de l'éducation nationale. Pas vraiment de dangereux trotskystes appelant à la grève à chaque jet de pierre sur le bouclier fiscal. Ces "cadres" sont, indépendamment de la succession des ministres, la condition sine qua non de toute réforme, précisément parce qu'ils sont, avec les recteurs, les garants de la mise en oeuvre de la réforme. A la différence des enseignants, ressource "si peu flexible et au rendement proche de zéro" (selon la vision éclairée du ministre de l'éducation nationale et de l'extinction des psychologues scolaires), à la différence des enseignants disais-je, l'expression "devoir de réserve" n'est, pour ces cadres là, pas un vain mot. C'est pourquoi leur dernier communiqué de presse est un signal très fort dans le bras de fer qui oppose l'ensemble des acteurs du système éducatif à leur ministre l'Oréal. Luc Châtel, ancien DRH de chez l'Oréal, devrait pourtant savoir que quand le mécontentement atteint ce niveau là de l'exécutif d'une entreprise, il est grand temps de demander conseil à Eric Woerth pour trouver une île paisible sur laquelle aller se faire oublier quelques temps.
A moins ... à moins naturellement de fonctionner sur un mode de gouvernance qui mêle, à parts égales, le mépris des agents du système que l'on prétend piloter, l'ignorance crasse de l'histoire et des invariants du même système, et une vision stratégique aussi précise que celle d'une taupe que l'on aurait préalablement gazée à l'aide de bombes de laque d'un grand groupe de cosmétique. Autant de qualités que possède indéniablement Luc Châtel.
Remember ... Le 5 Janvier 2009, d'autres cadres, de l'enseignement supérieur cette fois, envoyaient eux aussi une lettre à leur ministre de tutelle. Un mois plus tard, l'université allait connaître la plus grande crise de son histoire (non ... elle n'en est pas encore sortie, contrairement à ce que peuvent laisser croire une grande partie des médias ... mais cela est un autre sujet). Cette lettre de la CPU à Valérie Pécresse allait mettre le feu aux poudres. La lettre avait pour titre : "Chronique d'une crise annoncée dans les universités".
Il est de la responsabilité de chacun de prendre aujourd'hui la mesure de la crise qui s'annonce de la maternelle aux lycées. Et d'y apporter la réponse qu'il jugera la plus appropriée.
Vous n'avez pas compris ? Ils en ont rien à faire des gosses, ils veulent casser l'Éducation Nationale pour que leurs potes puissent se faire du blé avec des écoles privées. C'est tout !
Rédigé par : zoulu | 30 juin 2010 à 15:21
Luc Chatel et avant lui Xavier Darcos.... il serait temps de comprendre que la logique qui prévaut dans ce gouvernement.. que dis-je parmis l'équipe "sarkozy" et ses amis influents n'est pas dû a un seul ministre "de passage"... fusible facile a faire sauter pour détourner l'attention du projet de détricotages des services publiques.
Projet qui sera mené a terme quelque soit le ministre en place.
Il me semble alors que d'orienter un texte sur les compétence unique "d'un ministre" n'est pas très efficace pour lutter contre.
Rédigé par : bronx | 30 juin 2010 à 18:42
je suis prof et il y a longtemps que notre système fout le camp, on fait de la garderie et non de j'éducation , on doit accepter tout et n'importe quoi c'est le système" pas de vague" et ce bien avant Luc chatel. Plus d'heure de colle, plus d'exclusion, c'est mauvais pour l'établissement ,plus de redoublement,résultats des élèves qui ne savent pas lire en 6e la faute à qui aux prof.J'en parle en connaissance de cause car une inspectrice l'a écrit sur mon rapport d'inspection. vive l'école privée pour les élèves normaux et à nous les problèmes !
Rédigé par : guillemant | 01 juil 2010 à 08:45
Les réformes dans l'éducation sont actuellement à la mode, même à l'étranger tels que les Pays-Bas. Elle conduit au fait que les parents ne comprennent pas ce qu'ils font, mais aussi les enseignants à perdre la motivation à la saine doctrine. Auto J'ai 17 ans d'enseignement en classe et je n'ai qu'une baisse de la qualité. Une réforme n'est toujours pas au cours de la prochaine s'approcha de lui. Pour la petite histoire, je donne des leçons aux Pays-Bas. La pièce est donc très reconnaissable pour moi. Tout aussi importante est la question, comment gérez-vous avec elle, à la joie de l'enseignement de ne pas perdre.
Rédigé par : Marcel | 09 août 2010 à 20:01