- "En les soumettant au marché, on détruit le désir, qui est réduit à un calcul. Cela produit une société démotivée, qui a perdu toute confiance en elle, où il n'y a plus de relations sociales, et où triomphe le contraire du désir, à savoir la pulsion : la guerre de tous contre tous, une société policière, comme tend à le devenir la société sarkozyenne. Une société très dangereuse."
Bernard Stiegler. Entretien à lire dans Télérama. On y lit aussi la préférence de Stiegler pour la dénomination de web "contributif" plutôt que "participatif". A propos de l'économie de la contribution et la figure de l'amateur si souvent galvaudée dans le cadre des analyses du web 2.0 contributif, Stiegler déclare :
- "Il y a cinquante ans, la politique culturelle de Malraux était destinée à former des amateurs d'art, et non des consommateurs de culture. Les technologies culturelles et l'économie de la contribution revalorisent cette figure de l'amateur - c'est-à-dire du public capable de discerner et d'apprécier."
Bien que moins liée aux thématiques de ce blog, vous m'autoriserez tout de même à attirer votre attention sur la conclusion de l'entretien, conclusion dans laquelle Stiegler défend l'idée d'un revenu minimum d'existence :
- "Je soutiens une vieille idée défendue par le plus libéral des libéraux, Milton Friedman : le revenu minimum d'existence. Idée qui a été relancée par André Gorz et que promeuvent en ce moment Olivier Aubert, Maurizio Lazzarato et Yann Moulier-Boutang. Ils prennent l'exemple de l'abeille, qui produit du miel, mais dont la valeur tient bien plus à sa fonction de pollinisation, qui permet la reproduction des végétaux, la nourriture des animaux et notre propre survie... Aujourd'hui, de plus en plus de contributeurs créent une valeur qui ne s'évalue pas sur le marché mais permet aux autres activités économiques de se développer. Cette « pollinisation » doit être rémunérée et mutualisée."
Bonne lecture sur Télérama :-)
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