"The spitoon". Littéralement "le crachoir" est une lecture très instructive. Il s'agit du blog "corporate" de la société "23andMe", dont je vous ai souvent parlé, et qui est spécialisée dans le séquençage du génome pour les particuliers. Pourquoi une lecture instructive ? Parce que l'un de leurs derniers billets est tout simplement intitulé : "Empreintes génétiques de la polygamie". Et ben oui. Vous ne le saviez pas, mais la polygamie est génétique. L'argumentaire est exactement le même que celui de Sergei Brin annonçant l'autre jour sa maladie de Parkinson : on prend un article ou une étude scientifique sérieuse. Et on extrapole. De chaque hypothèse, on fait une certitude. L'article scientifique n'indique évidemment jamais que la polygamie est génétique. Il démontre même l'inverse. Il étudie le polymorphisme du chromosome X est propose la polygénie dans certaines populations et certaines cultures comme une hypothèse expliquant certaines de ces variations de forme. Une fois cela mouliné dans la machine à décérébrer biotech le billet du crachoir, cela devient : "il y a un gène de la polygamie", sous-entendu : contactez-nous et nous vous dirons si vous l'avez ou non. Naturellement, 23andMe ne propose pas à la fin de son billet de faire votre profil génétique de polygame. Tout simplement parce qu'ils en sont incapables, et surtout parce que cela est impossible. Mais l'essentiel (pour eux) est fait : après lecture de leur billet, sans bien sûr prendre le temps d 'aller lire l'article scientifique mentionné, vous aurez intégré le fait "qu'un article scientifique établit une origine génétique de la polygamie". Votre conscience vous titillera un peu moins la prochaine fois que l'homme marié que vous êtes reluquera en plein rue une blonde acidulée au décolleté plongeant ("mince, revoilà mon gène de polygame qui se manifeste"), et surtout, surtout, vous serez devenu un énième client pour l'essor de ces sociétés biotech.
Le plus dangereux dans tout cela ? La banalisation de ce genre de discours. Souvenez-vous de ces chefs d'état affirmant leur "croyance" dans l'origine génétique de la pédophilie. Et maintenant fermez les yeux et imaginez ... imaginez qu'un chef d'état soit l'ami d'un capitaine d'industrie (exemple). Imaginez que ce capitaine d'industrie soit le mari (et le principal financeur) de la gérante d'une société biotech de séquençage personnalisé du génôme (exemple). Imaginez enfin que l'on puisse vivre dans une société dont le ministre de l'immigration veut instaurer des test ADN pour les immigrés (exemple). Et maintenant ... je vous laisse imaginer la suite.
(Temps de rédaction de ce billet : 1h30)
J'ai vu un site sur lequel on pouvait demander une analyse génétique pour savoir si on a une ascendance juive !
C'est amusant de parler du gène de la polygamie : ils ciblent l'Utah ? (l'état mormon). Il existe en tout cas un gène de la fidélité, qui est parfois très suspect. Par exemple les femmes recherchent généralement un partenaire équilibré (qui les aidera à protéger sa progéniture), un mec sympa, bon papa, tout ça,... Mais au moment de l'ovulation, c'est l'odeur de types plus chargés en testostérone qui les stimule... Et du coup 10% des enfants ne sont pas de leur père. Terrifiant.
Tout ça (et le rapport au couple du campagnol des montagnes) est très bien raconté par Louann Brizendine dans "Female Brain" : http://www.hyperbate.com/dernier/?p=232
Rédigé par : Jean-no | 02 oct 2008 à 22:49