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16 oct 2006

Commentaires

JM Salaun

Malheureusement, je peux confirmer que le fonctionnement des commissions de spécialistes est souvent catastrophique en France.

On peut tirer quelques leçons des pratiques de ce côté de l'Atlantique. Voici le fonctionnement du recrutement à l'Université de Montréal :

- on ne recrute pas un professeur-adjoint issu directement de son université ;

- on demande aux candidats au recrutement sélectionnés de présenter une conférence publique sur un sujet de leur choix, avant de passer en entretien devant l'ensemble des profs du département ;

- un prof-adjoint ne peut obtenir sa permanence qu'après un contrat de six années. Il est alors évalué par ses pairs du dépt, le directeur, et une commission de la faculté sur dossier complet et précis, comprenant des avis d'experts extérieurs et l'ensemble des évaluations annuelles, à partir de critères définis ;

- chaque professeur est évalué à la fin de chaque session (trimestre) selon des critères précis par les étudiants ;

- chaque professeur peut demander une formation et un accompagnement en pédagogie ;

- la première année un prof-adjoint n'a qu'une charge de cours ; la deuxième année, deux ; puis son service complet de quatre cours.

- au bout de trois années, il a une première évaluation globale qui généralement pointe les éventuels points à corriger.

J'ajoute qu'un poste est ouvert au recrutement cette année ;-)
http://www.fas.umontreal.ca/postes/pdf/EBSIarchivjuin07.pdf

old

Quand je pense que je me lance dans cette voie!
Tout cela n'est pas sans évoquer de douloureux souvenirs quand je parcourais la france pour obtenir un poste de bibliothécaire territorial après la réussite au concours. J'ai passé 20 entretiens...et rien au bout...Mais j'avais la carte 12-25 à l'époque!

Baptiste Coulmont

Merci du lien ! J'avais aussi, en son temps, proposé un Guide du CV analytique ( http://coulmont.com/blog/2005/11/10/redaction/ ) suite à mon expérience de membre d'une commission de spécialistes.
Un petit rectificatif. Vous écrivez "Demandez SYSTEMATIQUEMENT les rapports d'audition." Or il n'y a pas de rapport rédigé *après* les auditions, mais juste des rapports rédigés *en vue* de l'audition (après examen des dossiers). Même les candidats non-auditionnés (surtout, dirais-je) doivent (peuvent) demander communication d'une copie du rapport des "spécialistes". Rappelons que l'absence de rapport est un motif d'annulation de la procédure.

olivier

Jean-Michel> Souhaitons que l'ensemble des modes de fonctionnement que tu décris puissent un jour arriver en France. A une exception près qui me fait bondir : tu indiques qu'il faut 6 ans avant d'obtenir sa permanence ... Si on met l'âge de soutenance à 26 ans, que l'on ajoute 1 ou 2 ans de post-doc et les 6 ans indiqués, on arrive à une titularisation à 40 ans ! Ca ressemble fort à de la précarisation ... En france, la moyenne d'entrée sur un poste de MdC (pour Infocom mais cce doit être sensiblement pareil dans les autres disciplines) est de 33 ans et demi (ajouter un an pour la titularisation qui, sauf faute grave, est systématiquement accordée). Est-ce que l'obtention de la permanence dont tu parles est également systématique ?

Jean-Marie Le Ray

Olivier,

En attendant les offres Prems de la SNCF, les heureux candidats pourront toujours utiliser le désormais fameux comparateur de prix : http://adscriptum.blogspot.com/2006/10/les-blogs-et-la-pub-pour-ou-contre.html

Jean-Marie :-)

caroline

Et que dire aussi du CNRS, où les rapports n'existent tout simplement pas (dans la commission 38 tout du moins).

JM Salaun

Olivier,

Je confirme les six années. Les âges que tu donnes sont bien ceux-là. La permanence n'est pas systématique accordée, les dossiers sont étudiés avec le plus grand sérieux. Les avis sont rédigés et motivés sur les quatre critères : enseignement, recherche, participation au département et rayonnement. Un prof adjoint qui a suivi sérieusement les remarques faites à mi-parcours a toutes les chances d'y arriver, mais il arrive aussi que la permanence ne soit pas accordée. Le professeur doit alors obligatoirement quitter son poste.

C'est effectivement dur, même s'il faut nuancer, car la souplesse du marché du travail est bien plus grande. Un échec n'est pas ici infamant et l'Université de Montréal a une politique d'excellence que d'autres universités n'ont pas.

Je n'ai pas encore beaucoup de recul, mais mon sentiment aujourd'hui est que ces mesures forment un tout. Sans pression sur les carrières, la qualité pédagogique et en recherche est laissée au bon vouloir de chacun.

Les dérives que tu dénonces peuvent-elles être redressées par la simple bonne volonté des individus ? Mon expérience française m'en fait douter. Peut-être est-il possible de trouver un moyen terme entre les situations, mais la défense jalouse de l'autonomie des universitaires français s'apparente parfois à une volonté de préserver des avantages indus. N'oublions pas qu'il s'agit des personnes qui ont pour responsabilité de bâtir et maintenir le capital intellectuel du pays.

Doc Herbst

Pour le CNRS, je confirme. Pour un poste de documentaliste à la Direction juridique du CNRS, on m'a posé des questions, totalement inutiles pour le poste, sur le XML (vous avez vu beaucoup de documentalistes -- pas de bibliothécaires ni de conservateurs, mettons nous bien d'accord -- qui ont le temps de coder en XML ? allez, une dizaine sur la France peut-être ?).

Après discussion avec une autre candidate, celle-ci m'a dit avoir des infos comme quoi il y avait de grandes chances que le poste soit réservé à qqn qui avait fait déjà un long CDD auprès de la personne qui était sur le départ. Toutes mes impressions lors de l'audition et mes constatations ultérieures (j'ai découvert qu'une personne tenait en effet depuis environ deux ans ce poste, de facto, sans en être titulaire) allaient dans le même sens. Très humainement et logiquement, mais aussi très hypocritement, la commission ne faisait donc qu'entériner un choix fait depuis déjà longtemps.

Il faut savoir que, comme beaucoup de gens, les personnes en poste dans les organismes publics préfèrent pouvoir choisir les gens avec lesquels ils vont travailler. Et préfèrent des gens qu'ils connaissent bien, qu'ils ont déjà cotoyés ou fait travailler. Ils vont donc respecter les apparences pour mieux contourner le système officiel.

Comme je dis souvent dans pareils cas avec un mélange de résignation et de lassitude : "On est France ..." (Façon de sous-entendre : on a de beaux principes et de respectables tabous et on les viole par derrière à l'envi.) AMHA, la dureté anglo-saxonne qui ne se cache n'est pas pire que celle, masquée, française.

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Casssconn
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